LA COMPARAISON ET LA METAPHORE
La comparaison et la métaphore servent à
créer des images. Il s’agit de rapprocher un comparé et un comparant qui
appartiennent à deux univers différents. Le point commun qui les réunit attire
l’attention du lecteur.
A. La
comparaison :
Le procédé de la comparaison met en relation deux réalités.
Trois éléments sont nécessaires dans l’énoncé : le comparé, l’outil
de comparaison et le comparant. Les outils de comparaison sont
variés :
Les noms |
Les verbes |
Les adjectifs |
Les adverbes
et locution
|
Les
prépositions
|
ressemblance
similitude,
en
forme de,
sorte
de
|
ressembler,
sembler,
avoir
l’air,
on dirait…
|
semblable
à,
pareil
à,
tel,
analogue
à
|
Comme,
ainsi que, Plus que, moins que, aussi que
|
En,
de, «un nez en trompette»
|
Exemples :
- Belle comme le jour.
- L’infortunée hurlait comme une démente.
-
Le ciel qui de bleu était devenu blanc, était de
blanc devenu gris. On eût dit une grande ardoise.
- J’aimais toute la campagne, semée de
petits bois et traversée par des ruisseaux qui couraient dans le sol comme des
veines, portant le sang à la terre.(Guy
de Maupassant)
- Le sable
rouge est comme une mer sans limite.
Et
qui flambe, muette, affaissée en son lit. (Leconte de Lisle, Les Eléphants.)
-
Le seul témoignage un peu chaleureux était la
table devant la fenêtre, dont l’étroit plateau, tel un pupitre d’écolier, était
maculé de taches d’encre et de graffitis gravés du bout de la plume.
(Didier
Decoin, La Femme de chambre du Titanic, 1991, Ed. Du Seuil.)
-
Ces feuilles tombant toujours
semblaient des larmes, des grandes larmes versées par les grands arbres tristes
qui pleuraient jour et nuit sur la fin de l’année, sur la fin
des aurores tièdes et des doux crépuscules.
(Guy De
Maupassant)
-
C’était l’automne. Des
deux côtés du chemin les champs dénudés s’étendaient, jaunis par le blé fauché
qui couvrait le sol comme une barbe mal rasée. (Guy De Maupassant)
-
Vous mènerez tous les deux une vie calme et sans
orage… comme deux moutons qui paissent dans la même prairie.
(Eugène Labiche, La Cagnotte, acte I, sc.6,
1864.)
{Cet
extrait de Labiche renferme une comparaison évaluative qui crée un effet
comique de dévalorisation des personnages.}
-
Jaime la lune, ardente et rouge
comme l’or.(Hugo)
-
Mais les voyageurs sont ceux-là
qui partent
pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons. (Baudelaire)
-
Des mots anciens comme des bouquets
de fleurs fanées! (Verlaine)
-
Mon cœur bredouille en ma
poitrine
Comme une vieille horloge.{point
commun:bruit irrégulier} (Francis Jammes)
A. La
métaphore :
Le procédé de la métaphore associe deux réalités. Le lecteur
perçoit une ressemblance grâce à un effort d’interprétation. La métaphore
n’utilise pas de mot outil. Dans la métaphore annoncée (ou in praesentia),
le comparé et le comparant sont exprimés et liés grammaticalement. Dans la
métaphore directe (ou in absentia), seul le comparant est exprimé. La
métaphore filée est une suite de métaphores sur le même thème. La première
métaphore en engendre d’autres dans la suite du texte.
Exemple de métaphore filée:
Bergère ô Tour Eiffel le troupeau
des ponts bêle ce matin. (Apollinaire)
Exemple de métaphore annoncée (in praesentia):
“Je me suis baigné dans le Poème de la mer” (Arthur Rimbaud)
{Ce qu’il y
a de commun entre le poème et la mer c’est le bain, l’immensité, le rêve, le
voyage.}
Exemple de métaphore directe (in absentia):
Le médecin des statues. Les sèmes communs à médecin et
à réparateur (= le comparé) sont nombreux (homme + conservation +
rétablissement, etc.)
Exemples :
-
Toute âme est un sépulcre où gisent mille choses.
-
La mer, c’est la forêt.
-
L’air est plein d’une haleine de rose {comparant humain absent, motif (haleine)
exprimé}.
-
Ces cheveux d’or sont les liens, Madame,
- Dont fut le
premier ma liberté surprise. (Joachim Du Bellay) {caractéristique commune: ôtent la liberté}
- L’insecte vert qui rôde,
-
Luit, vivante émeraude,
-
Sous les brins d’herbe verte. (Hugo) {point commun : couleur verte et forme}
- Les branches
d’arbres me caressent le visage. (Maupassant)
-
Mon Dieu ! Le bonheur
est une perle si rare dans cet océan d’ici-bas !
Tu nous l’avais donné, pêcheur céleste, tu l’avais tiré pour nous des
profondeurs de l’abîme, cet inestimable joyau…(Musset)
-
Le ciel se penche sur la terre et ne la reconnaît
pas. (Superville)
- Ô douleur, Ô
douleur, le temps mange la vie
Et du sang que
nous perdons croît et se fortifie. (Baudelaire)
Les fonctions de la comparaison et de la métaphore
·
La fonction explicative. Les
deux procédés de style rendent concrète une idée abstraite. Ils servent à
rendre plus intelligible une idée.
·
La fonction créatrice ou
poétique. En remplaçant un mot attendu par un autre, les comparaisons
et les métaphores créent un écart surprenant. Ainsi se développe un univers
second, souvent merveilleux ou fantastique. Ces comparaisons et métaphores
interviennent dans les descriptions romanesques et la poésie.
·
La fonction évaluative.
Présents dans la stratégie argumentative, ce sont des moyens de valorisation et
de dévalorisation propres à susciter des réactions émotives comme :
1. L’amusement par la caricature, notamment le zoomorphisme (homme=animal);
2. L’admiration par l’idéalisation (choix
d’un comparant positif);
3. Le dénigrement par l’exagération ou l’atténuation (choix
d’un comparant négatif). Ces comparaisons et métaphores
interviennent dans la publicité, les discours politiques, les dialogues de
roman ou de théâtre.
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